vendredi 24 février 2017

Livre "Bestiaire disparu : Histoire de la dernière grande extinction" de Luc SEMAL, ou comment l'homme précipite la fin des espèces animales

En fait de "pin-up qui lit", j'aurais plutôt dû intituler mon blog "la pin-up qui teste les maquillages", car je dois reconnaître que les trois quarts de mes articles concernent les cosmétiques ! Et c'est dommage car je lis vraiment beaucoup et je me dis que mes avis sur les livres que je lis pourront vous aider à vous décider ou non à les lire à votre tour. Je me rattrape aujourd'hui en vous présentant le très beau livre "Bestiaire disparu : Histoire de la dernière grande extinction" de Luc SEMAL (éditions Plume de  Carotte).


En grande curieuse de la vie, passionnée par le monde animal, notamment la cryptozoologie (l'étude des animaux non officiellement reconnus par la science, comme le yéti, etc), consciente de la fragilité de notre écosystème, et surtout, grande, grande fan de "beaux livres", je ne pouvais pas ne pas acquérir cet ouvrage. Comme je l'ai acheté sur internet, et ne savais pas trop à quoi m'attendre, j'ai été agréablement ravie en découvrant ce superbe et grand (34 x 1,8 x 23.2 cm) livre aux photographies sublimes .




Ce livre traite, comme son intitulé l'indique, des animaux dont l'espèce s'est éteinte, à l'instar des très celèbres dodo, moa, et autre ours de l'Atlas. L'auteur explique que la Terre a déjà connu cinq grandes extinctions massives, dont la plus connue est celle ayant provoqué l'extinction des dinosaures, il y a quelques 65 millions d'années, et qui est la dernière en date.

Pour mieux comprendre, petit tableau récapitulatif des 5 extinctions intervenues :



Date
Causes problables
Conséquences
1ère extinction
Il y a 444 millions d’années
Importante glaciation qui aurait entraîné la baisse du niveau des océans (hypothèse privilégiée par les scientifiques)
OU
Un rayonnement gamma
OU
Une pollution par les métaux lourds
Extinction de 85 % de la vie marine (la seule forme de vie à l’époque)
2ème extinction
Il y a 360 millions d’années
Là encore, importante glaciation qui aurait entraîné la baisse du niveau des océans
Extinction de 75 % des espèces animales
3ème extinction
Il y a 252 millions d’années
Comète géante qui se serait abattue dans l’Antarctique ou l’océan Indien et aurait provoqué un épisode de volcanisme considérable, qui aura libéré des métaux toxiques qui se sont ensuite diffusés sur terre, ainsi que des pluies acides
OU
Prolifération d’un microbe qui aurait émis des quantités phénoménales de méthane dans l’air
L’extinction la plus grave : elle a décimé plus de 90 % des espèces animales, la Terre étant devenue stérile et toxique, aussi bien sur terre que dans les océans
4ème extinction
Il y a 200 millions d’années
Eruptions volcaniques massives
OU
Météorite
OU
Augmentation des niveaux de dioxyde de carbone et méthane conduisant à un réchauffement de la Terre
Extinction de 20 % des espèces animales (notamment reptiles, grands amphibiens et oiseaux). C’est le début du règne des dinosaures
5ème extinction
Il y a 65 millions d’années
Météorite géante qui se serait écrasée dans le Golfe du Mexique et aurait libéré des quantités phénoménales de métaux toxiques dans l’air et des pluies acides + obscurcissement et refroidissement de la Terre pendant 10 ans + intense activité volcanique
Extinction des gros dinosaures et des gros mammifères (tous les animaux de plus de 20-25 kg auraient disparus, sauf les crocodiliens)

Ce que ce tableau (crée par mes soins) met en évidence, c'est qu'il aura fallu des millions d'années pour décimer des populations, mais qu'en 200-250 ans, l'homme a accéléré la disparition d'espèces animales de manière bien plus rapide. C'est pourquoi on parle aujourd'hui de sixième extinction massive, provoquée, intentionnellement ou accidentellement, par l'homme.

Je précise "intentionnellement ou accidentellement" car, comme je l'ai appris dans "Bestiaire disparu", ce n'est pas toujours l'homme qui a décimé certaines espèces animales (par la chasse, par les nécessité de l'agriculture, ...), mais aussi les animaux amenés par les colons sur les nouveaux territoires, notamment les rats et les chats, en chassant les animaux sur place ou en leur transmettant des maladies.

C'est vers le XVIIIème que tout s'est accéléré. Cette époque correspond au début de la colonisation de territoires nouveaux par les Européens, qui ont commencé à explorer l'Afrique, l'Asie, l'Amérique du Sud et l'Océanie, emportant avec eux armes à feu, maladies, animaux (rats, chats) et surtout, hélas, gros appétit du gain. De très nombreuses espèces d'animaux se sont éteintes à cause de la chasse intensive frivole dont elles faisaient l'objet pour leurs plumes, leur peau, ...


Le livre "Bestaire disparu" présente 69 espèces d'animaux disparus. Toutes sont issus des collections du Muséum d'Histoire Naturelle de Leyde, aux Pays-Bas, ce qui limite un peu les catégories d'animaux présentés. La plupart sont des oiseaux ou des petits mammifères (c'est-à-dire les espèces les plus fragiles en cas de bouleversement de leur habitat). Il y a peu d'effet "wouahou" en tournant les pages de ce livre, c'est-à-dire qu'il y a peu de grands animaux, comme les lions. Car oui, je suis comme tout le monde, et les gros animaux me font plus d'effet que les petits. Au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, le squelette de la baleine, ou le narval naturalisé sont bien plus impressionnants que les petites pieuvres dans leur formol, reconnaissons-le. Ceci étant, je reconnais que, même de taille modeste, les animaux disparus dégagent quelque chose d'étrange, à la fois du respect, un certain malaise et un soupçon de mélancolie à l'idée de savoir qu'on ne les verra jamais autrement que naturalisés. Le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris possède une salle dédiée aux animaux disparus, que je vous conseille fortement. La grande pièce est très sombre, ce qui donne une impression de "recueillement" dans un lieu saint.

L'auteur rappelle que les mammifères sont les plus représentés dans les bestiaires d'animaux disparus, car leur statut leur a permis d'attirer l'attention des observateurs sur leur sort. Pourtant, les mammifères ne sont pas les plus menacés (et d'ailleurs ne représentent, comme le souligne Luc SEMAL, que 1 à 5 % des espèces animales), et ce sont les invertébrés, les plantes, les champignons, les batraciens, les lézards, les insectes, les poissons, ... qui sont les plus touchés par la dégradation de la planète. Mais faute d'être dignes d'intérêt, ils passent inaperçus... quand ils ne s'éteignent tout simplement pas en n'ayant jamais été découvert par l'homme !



Le livre traite également de quelques animaux toujours vivant mais en "danger critique d'extinction", et qui nécessitent toute l'attention de l'homme afin d'être sauvés.

Bref, ce livre est une mine d'informations palpitantes et enrichissantes, et fourmille d'anecdotes. Il m'a également fait réfléchir sur mon rôle dans l'écosystème actuel. Les plantations de café, thé et cacao, par exemple, contribuent à la déforestation des forêts d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud. Malheureusement, je ne me vois pas vivre sans ma dose de café journalière. J'avais déjà commencé à consommer équitable, sans savoir à quel point la situation était critique. Maintenant que je le sais, peut-être y a-t-il possibilité d'aller plus loin dans mes démarches. C'est en ce sens que je considère ce livre comme une véritable prise de conscience en plus d'être un ouvrage extrêmement intéressant aux photographies magnifiques.

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